Gestion des adventices
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Comment reconnaître efficacement des terres à ray-grass ou à vulpins ?

Roméo Vezo
20/10/22

Beaucoup d’entre vous nous remontent des problèmes d’adventices de plus en plus prégnants, en particulier des invasions de ray-grass et de vulpins.

À tel point que certains ont un budget désherbage qui dépasse les 100€ (parfois >150€) et sont dans des impasses techniques.

Nous allons vous donner ici une méthode pratique pour identifier ces problèmes à l’analyse de sol et en déduire les solutions pour les régler durablement.

Ray-grass (OLIGO+, 2024)

La bio-indication : kesako ?

L’axiome de base c’est qu’une graine ne germe que si les conditions de sol sont favorables à sa levée de dormance. Pour citer Gérard Ducerf : “semer des graines n’a jamais fait pousser des plantes”.

La nature tend toujours à un retour à l’équilibre. L’apparition des plantes bio-indicatrices est une première réponse de la nature pour ramener le milieu vers son équilibre ou climax originel : la forêt.

Lorsque les conditions sont favorables à la germination d’une graine d’adventice, elle lève. Le désherbage chimique n’en élimine jamais 100%, il y a en a toujours une partie qui survit et qui transmet ses gènes. Autrement dit, vous sélectionnez vos résistants à chaque passage d’herbicide.

Gérard Ducerf est un botaniste français qui a publié des ouvrages sur les plantes bioindicatrices. Il a étudié le lien entre les conditions de sol et la levée de dormance des plantes.

Nous avons repris ses travaux et leur avons donné une résonance pratique grandes cultures. En d’autres termes, nous connaissons les conditions de sol qui sont favorables à la levée de dormance des principales adventices de nos systèmes de cultures.

À partir de ces critères, nous sommes en mesure de donner des corrections à apporter au sol pour faire en sorte qu’elles lèvent moins. Et ainsi, retrouver de l’efficacité en désherbage.

💡 Important à mentionner :

  • On parle bien ici d’adventices invasives. Si elles ne sont pas invasives, les principes détaillés ici ne s’appliquent pas.
  • Il y a toujours des exceptions qui confirment la règle. Les indicateurs que nous allons présentés sont ceux que l’on retrouve dans la grande majorité des situations.
  • Il existe une multitude de paramètres qui peuvent avoir une influence sur les adventices : le travail du sol, la rotation, etc. L’objectif ici est de se concentrer seulement sur l’analyse de sol.
Vulpin (OLIGO+, 2024)

Caractères indicateurs du ray-grass

🌱 Les facteurs favorables à la levée de dormance du ray-grass :

  • CEC < 15.
  • Sols limoneux (argiles < 20%).
  • Un ratio matière organique supérieur à 1,5 à 1,7% pour 10% d’argile.
  • Magnésium < 200 ppm.
  • CaCO3 < 0,1%.
  • Na > 5 ppm.

🧐 Prenons un exemple concret avec l’analyse de sol suivante :

Elle nous vient d’une exploitation céréalière dans l’Essonne (91) majoritairement en TCS avec une rotation classique pour le secteur.

On y trouve depuis quelques année la présence de ray-grass invasifs et en partie résistants. Le budget désherbage excède largement les 100 €/ha.

💡 Ce qu’on peut lire sur cette analyse :

-> Il s’agit bien d’un sol limoneux avec une faible CEC, présentant des faibles teneurs en magnésium et en calcaire ainsi qu’un taux de sodium bien trop élevé.

-> Le ratio MO/argiles est bon : 1,8% de MO pour 11% d’argiles. Néanmoins, on voit que le niveau de CaCO3 est très faible. Cela entraine un problème de liaisons entre l’argile et la matière organique.

-> Ce manque de liaisons du complexe argilo-humique entraîne une dislocation des argiles et une dispersion de la MO.

-> L’objectif ici est donc de recréer un bon complexe argilo-humique et ramener de l’oxygène dans le sol en alternant une année sur deux :

  • Un apport de CaCO3 au sol via de la dolomie à hauteur de 1 t/ha pour 10% d'argile en entretien (dans les ronds problématiques 5 t/ha) avant orge ou colza.
  • Un apport de gypse au sol avant le blé et/ou le maïs à hauteur de 1 à 2 t/ha ou via du thiosulfate de calcium liquide (40 à 100 L/ha).

Caractères indicateurs du vulpin

🌱 Les facteurs favorables à la levée de dormance du vulpin :

  • CEC > 15-20.
  • Argiles > 20%.
  • Magnésium > 300 ppm.
  • CaCO3 < 0,1%.
  • Na > 5 ppm.
  • MO > 2,5%.

🧐 Prenons un exemple concret avec l’analyse de sol suivante :

Elle nous vient d’une exploitation céréalière en Moselle (57) majoritairement en TCS avec une rotation classique pour le secteur.

On y trouve une forte invasion de vulpins et un budget désherbage supérieur à 100 €/ha, ce qui impacte le rendement des cultures en place.

Ce qu’on peut lire sur cette analyse de sol :

-> Il s’agit d’un sol argilo-limono-sableux (35% d’argiles) avec une CEC de 17, une teneur en magnésium de 331 ppm et un taux de calcaire très faible.

-> Le ratio MO/argiles est légèrement faible (4% de MO pour 35% d’argiles) mais reste satisfaisant. Le faible taux de calcaire entraine un problème de liaisons entre l’argile et la matière organique.

→ Les corrections à apporter :

  • Un apport de calcaire crû au sol à hauteur de 1 t/ha pour 10% d'argile en entretien (dans les ronds problématiques 5 t/ha) avant orge ou colza.
  • Un apport de gypse au sol avant le blé et/ou le maïs à hauteur de 1 à 2 t/ha ou via du thiosulfate de calcium liquide (40 à 100 L/ha).

Chez Oligo+, notre mission est de simplifier votre métier en vous permettant de travailler plus sereinement, d'améliorer vos marges et d'avoir une meilleure intégration environnementale.

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